" Te lier c'est accepter le pire comme le meilleur, te perdre et te noyer, t'oublier toi et tes pensées, tes idéaux et tes rêves. Tu n'es jamais seul Altiel, nous sommes là et il est là, veux-tu prendre le risque que quelqu'un d'autre puisse pénétrer dans cet intimité ? Que quelqu'un puisse nous séparer, briser ça ? Puisse te faire oublier que seule compte la nature et sa beauté ?"

Le regard écarlate scrute la surface de l'eau. Dans son sillage les larmes perlent alors qu'il s'apprête à franchir le pas, celui de l’innommable.

La solitude.

Plus rien. Le fond et les abysses, celle d'un frère disparue, celle d'une guilde ayant éclaté, semblant de raison le raccrochant au monde des vivants.

Tout est terminé, tout était terminé.

Lentement il laisse tomber les apparats de l'humanité, révélant sa peau dans sa plus fragile nudité, le tatouage des poneys fraichement envolé, comme si il n'avait jamais existé.

Une inspiration, ses yeux se ferment, déterminés.

Un pas. Le froid le saisit dans le contact de l'eau glacé, un second, l'eau vient lécher ses mollets, lentement il s'enfonce, l'eau saisissante venant le caresser de son contact brutal, doux et glacial, il s'enfonce vers les profondeurs alors que la nuit recouvre le symbole des amants de son voile.

Un pas. Encore et toujours, l'eau vient bercer sa taille nue comme un voile transparent d'une pureté oubliée. Au coin de ses yeux les larmes se sèchent alors que ses paupières s'ouvrent, contemple l'immensité aqueuse devant lui.

Contempler la beauté paisible de l'eau.
Une dernière fois.

Le froid mordant vient lécher son cou, son visage disparait alors qu'il continue d'avancer, l'eau s'infiltre partout, vient s'engloutir dans son nez et sa bouche.

L'eau, depuis toujours il possédait cette connexion avec l'eau et c'était tout naturellement que l'aliéné, l'enfant rejeté maudit, rejeté de l'humanité avait choisit l'eau pour en terminé.

La conscience s'étiole, il s'envole, part vers de nouveaux horizon alors que son aura implose, d'un bleu immaculé, que son âme se tors et se disloque, nouveau pas vers l'inhumanité.

La fin est proche, elle est là.
La présence glaciale s'impose, vient ensevelir son corps et son âme alors que l'écarlate devient opale, que le corps masculin se féminise, que sa chevelure écarlate vient s'étendre en corole sur la surface aqueuse. La chair disparait, se fond dans l'eau glacé alors qu'ils ne forment plus qu'un, trois alors qu'il est là, partout et nulle part à la fois, que l'espace de quelques secondes, il est le lac et ses rivages, son centre et ses ombrages.

Une pulsion. Pression, le corps se reconstitue, le visage émerge à la surface de l'eau dans un souffle haletant.
Elle est là, en lui.
Sa voix retentissant avec une certaine satisfaction.

Ton heure est pas encore arrivé.
Ici et maintenant tu as atteint l’apogée, ne gâche pas cette liberté qui t'es offerte de pouvoir en profiter.
Ici et maintenant tu es le lien, la passerelle entre nos natures, humain et inhumain.

Elle se tait, l'incarnation cesse alors que le corps reprend toute sa masculinité, souffle coupé au milieu du lac gelé.
Un sourire venant d’esquissé alors qu'il réalise ce qu'il vient de se passer.

Son âme parfaitement partagée.
Il est eux et ils sont lui.

Spoiler: